DiscoverIci l'EuropeArancha Gonzalez Laya : "Nous avons un problème avec la gestion de la migration"
Arancha Gonzalez Laya : "Nous avons un problème avec la gestion de la migration"

Arancha Gonzalez Laya : "Nous avons un problème avec la gestion de la migration"

Update: 2024-04-19
Share

Description

Nous recevons cette semaine Arancha Gonzalez Laya, économiste espagnole, ancienne ministre des Affaires étrangères du gouvernement socialiste de Pedro Sanchez et doyenne de l'École des affaires internationales (PSIA) de Sciences Po. Guerre Israël-Hamas, pacte sur la migration et l'asile, changement climatique : elle nous éclaire sur les préoccupations des Européens, à quelques semaines des prochaines élections.

Interrogée sur la volonté de l’Espagne de reconnaître l’État de Palestine au 1er juillet, Arancha Gonzalez Laya estime que cette reconnaissance pourrait contribuer à maintenir la solution de deux États pour Israël et la Palestine : "Peut-être que le moment est venu de le faire. En tout cas, c'est clairement le point de vue qu'on a en Espagne. Il y a d'autres États membres qui voient aussi avec sympathie l'idée de le faire maintenant, et je crois que c'est une question qui va se poser aux autres membres de l'Union européenne."

À quelques mois de la prochaine élection présidentielle aux États-Unis, l’ancienne ministre espagnole des Affaires étrangères interpelle les Européens pour qu’ils se préparent à une éventuelle réélection de Donald Trump et à l’abandon de l’Union européenne par les États-Unis. "Je crois qu'on est à un moment de notre histoire – un peu à un carrefour – et il faut décider quels chemins, nous Européens, nous prenons", assure-t-elle.

Elle rappelle aussi que l’histoire a prouvé que l’Europe peut devenir plus forte : "Quand nous avons fait des pas supplémentaires d'intégration européenne, nous sommes devenus plus forts à travers l'intégration européenne. Cela montre que nous sommes capables de prendre notre destin en main." L’occasion aussi, selon elle, d’étoffer la politique de sécurité et de défense européenne. "Ça veut dire être capable de prendre plus de responsabilités européennes à l'intérieur de l'Otan et intégrer plus notre industrie de défense et de sécurité. [...] Toute l'industrie en Europe est très bonne et très compétitive, mais trop fragmentée pour être capable aujourd'hui d'être un concurrent face aux grandes industries au monde, que ce soit les États-Unis ou que ce soit la Chine", déplore-t-elle.

Le pacte migration et asile, un "signal clair" d'entente européenne

Le dialogue se poursuit sur les défis de la gestion de la migration en Europe et le récent pacte asile et migration, adopté par le Parlement européen le 10 avril dernier. Arancha Gonzalez Laya souligne la nécessité de trouver un équilibre entre responsabilité et solidarité européennes. "Nous avons un problème. Pas avec la migration, mais nous avons un problème avec la gestion de la migration, et je trouve que ce pacte a trouvé un point d'équilibre sur des sujets majeurs : celui de la responsabilité. La responsabilité des États membres de l'Union européenne et pas simplement celle de pays qui sont ceux des premières entrées dans l'espace européen.

Ce pacte a aussi trouvé, selon elle, le point d'équilibre dans la solidarité européenne : "Comme pour toute politique européenne, ce n'est pas parfait, mais je trouve qu'on donne un signal clair de la capacité des États membres de l'Union européenne à s'entendre pour assurer une meilleure gouvernance des flux migratoires. C'est certainement mieux que de ne pas avoir une gouvernance pour la migration en Europe", temporise la doyenne de l'école des affaires internationales de Science Po.

Alors que la hausse des demandes d'asile est bien là, avec plus d'un million de demandeurs d’asile en 2023 et le renvoi possible à un pays d'un demandeur d'asile vers un pays tiers considéré comme sûr, Arancha Gonzalez Laya pointe le fait que "ce n'est pas l'Union européenne qui définit les règles. L'Union européenne les met en place. Les règles en matière d'asile, ce sont des règles internationales. Il y a des engagements que l'Union européenne et tous ces États membres ont pris au sein de l'ONU. Il s'agit simplement de trouver la meilleure manière de le mettre en place. Encore une fois, on n'est pas dans le domaine du parfait. Nous avons aussi été capables de trouver un compromis sur un sujet qui est difficile. [...] Mais soyons clairs : on est arrivé à mettre de l'ordre dans un domaine qui va rassurer nos citoyens et qui va aussi nous rendre un peu plus responsables vis-à-vis de nos partenaires internationaux", se félicite-t-elle. 

"Il faudrait être plus sensible aux préoccupations de nos citoyens"

Le thème de la migration en Europe est par ailleurs au cœur de la campagne des élections européennes du mois de juin 2024. À tel point qu’Arancha Gonzalez Laya estime que les principales préoccupations des Européens ont été oubliées, et que les conséquences sont déjà visibles. "Ce qui me préoccupe, c'est qu'il y a une forte baisse de la participation attendue des citoyens européens dans les élections européennes. On est à 44 % des participations des citoyens français. C'est en baisse par rapport à la dernière fois, où on avait vu l'effet contraire. Et pourquoi ? Parce que les citoyens français avaient comme priorité le Pacte vert. C'est de ça dont on avait parlé pendant la campagne électorale. Cette fois-ci, ce qu'on voit, c'est une diminution de la participation des citoyens. Et pourquoi ? Peut-être parce qu'on n'est pas en train de parler des vraies préoccupations des citoyens", explique-t-elle.

"Il faudrait être un peu plus sensible aux préoccupations de nos citoyens. Je crois que ce qui les intéresse, c’est l'économie, le pouvoir d'achat, la sécurité. On voit bien qu'il y a une guerre à côté de l'Union européenne et ça préoccupe les citoyens européens. Pour les jeunes, la préoccupation c'est le changement climatique. [...] Mettons aussi l'accent sur les interrogations des citoyens et on verra peut-être augmenter les taux de participation", propose-t-elle.

Enfin, l’ancienne ministre espagnole des Affaires étrangères revient sur la situation en Catalogne, alors que des élections régionales auront lieu le 12 mai prochain. Le gouvernement Sanchez a fait voter une loi d'amnistie pour les indépendantistes et le président catalan a déclaré qu'un référendum sur l'indépendance est inévitable. Arancha Gonzalez Laya pense que le choix des électeurs est assez clair. "Si on regarde les sondages en Catalogne, on a une majorité des citoyens qui est en train de demander aux partis politiques de s'occuper de leurs problèmes. Quels sont les problèmes de la Catalogne aujourd'hui : c'est les très mauvais scores en matière d'éducation dans les derniers rapports de l'OCDE-Pisa. La Catalogne est l’un des territoires espagnols avec la moindre quantité d'énergies renouvelables, un système sanitaire qui n'a pas très bien fonctionné pendant la crise. [...] Laissons les citoyens catalans parler, je crois qu'ils vont être assez clairs. Et si j'étais un parti politique qui prônait l'indépendance, j'essaierai d’être très à l'écoute de ce qu'ils disent", conclut-elle.

Comments 
In Channel
loading
00:00
00:00
x

0.5x

0.8x

1.0x

1.25x

1.5x

2.0x

3.0x

Sleep Timer

Off

End of Episode

5 Minutes

10 Minutes

15 Minutes

30 Minutes

45 Minutes

60 Minutes

120 Minutes

Arancha Gonzalez Laya : "Nous avons un problème avec la gestion de la migration"

Arancha Gonzalez Laya : "Nous avons un problème avec la gestion de la migration"

FRANCE 24